Qu’est-ce que le bore-out ?

Le Bore out est une forme d’épuisement professionnel liée à l’ennui, au manque d’activité et de satisfaction au travail.

Le terme est apparu dans les années 2010 à partir des travaux de chercheurs suisses qui ont commencé à s’inquiéter à propos de l’ennui (boring) et à étudier l’impasse absurde qu’il constitue dans la sphère professionnelle.

Sans que l’ennui soit pathologique, on estime que près de 30 % des employés s’ennuient à leur travail.

Le bore out décrit une situation spécifique dans laquelle une personne n’a pas assez d’occupation pour une journée entière, elle vit un écart important entre son travail effectif et le temps qu’elle passe sur son lieu de travail.

Elle ne se sent “pas utile”, ne trouve “pas de sens” à ses journées, n’a “pas de but”, “pas de carrière possible” : “je suis dans un placard, j’ai rien à espérer”, “j’attends plus rien de mon boulot”…ce sont des expressions d’une souffrance que j’entends en consultation.

La personne sous contrat, touche un salaire et pourtant elle est en inactivité ou elle n’a rien à faire de ses journées. Perte de sens, de variété ou de stimulation, elle se trouve déconnectée d’un avenir motivant et coupée de ses motivations profondes.
L’ennui devient chronique, touche son équilibre psychoaffectif et sa santé physique.
Et quand l’ennui envahit la vie professionnelle, il use jour après jour et mine le moral pour finalement se manifester dans le corps avec de multiples symptômes qui traduisent tous la même souffrance.

L’ennui est une des réalités du monde du travail. Les postes de bureau sont les plus concernés mais le phénomène touche aussi bien la fonction publique, les grandes et les petites entreprises. Le poste est ennuyeux ou l’employeur “organise” le manque d’activité pour dégouter et faire craquer le salarié (dans ce cas c’est une forme de harcèlement moral).

Bien sûr quand on s’ennuie, on multiplie les stratégies pour s’échapper : internet, réseaux sociaux, loisirs… on apporte sa vie privée et sociale au bureau, on occupe ses journées avec toutes sortes d’activités mais très vite cela ne suffit plus.
Privé d’activité, on se retrouve confronté à un grand vide.

L’ennui chronique déploie son stress dans tout l’organisme et il est souvent vécu comme honteux, la personne se sent incomprise et mal vue par son entourage.

Les conséquences du bore out sont à la fois usantes et hypocrites : d’une part l’ennui agit de façon silencieuse (plutôt que de façon agressive) et d’autre part, l’ennui au travail reste tabou.

Les symptômes du bore-out : comment se manifeste-t-il ?

Le bore out se manifeste à travers des perturbations du sommeil, de l’appétit, de la libido… à travers de la fatigue, des insomnies, des douleurs comme maux de tête, de ventre, etc.
Tout cela de façon progressive, jusqu’à mener la personne à l’incapacité de travailler.

Le bore out, comme son cousin éloigné le burn out, conduit à une forme de dépression.
Le mal-être est à l’origine d’une perte d’estime de soi : d’abord la personne perd confiance en ses compétences, et puis comme on n’attend plus rien d’elle, elle ne demande rien, elle se sent avalée dans un grand vide et plus la situation dure, plus elle est hantée par une vision d’elle-même dépréciée et dégradée.

En partant de la sphère professionnelle l’ennui attaque la sphère privée et c’est comme si la personne perdait sa vitalité.

« Je me lève sans savoir pourquoi », « je ne vaux rien », « je ne sais pas ce que je veux »… la personne perd le sens de qui elle est, de son potentiel, de ce qu’elle veut faire de sa vie.

Si certaines personnes en bore out peuvent paraitre apathiques et déprimées, d’autres donnent l’apparence d’une hyper activité en « brassant du vent » tout en menant une grande lutte à l’intérieur.
Les réflexions les plus difficiles à entendre quand on vit une situation de bore out sont des phrases comme « Tu n’as rien à faire ou tu ne veux rien faire ? », « T’es sûr que t’es pas un peu paresseux, remue-toi un peu »

Les causes du bore-out

Les causes du bore-out sont multiples et témoignent d’un dérèglement du marché du travail avec :

  • des emplois vidés de leur substance à cause de la vitesse des modifications économiques et technologiques
  • une baisse d’activité des entreprises qui gardent des employés à ne rien faire
  • une bureaucratisation extrême, qui pousse à remplir des procédures toujours plus lourdes avec des circuits de décision toujours plus complexes, qui éloignent les employés de leur mission professionnelle
  • une communication interne mal gérée avec par exemple la multiplication de réunions inutiles et de discours vides de sens
  • des postes sans grande utilité qui se multiplient au sein des grandes organisations où des personnes travaillent pour d’autres personnes, qui elles-mêmes travaillent pour d’autres… et tout le monde ne sert qu’à se contrôler, s’évaluer
  • la mobilité mal préparée
  • le management inefficace
  • la surqualification des personnes qui ont beaucoup de diplômes et se trouvent sous-employés ou des jeunes bien formés qui ne travaillent pas à la hauteur de leur formation
  • il y a aussi bien sûr le manque d’intérêt pour certains postes ou certaines tâches qui sont ennuyeuses tout simplement

Un sentiment de honte au cœur du bore-out

« Avoir un boulot et s’ennuyer c’est irrecevable », « avoir un travail c’est déjà très confortable aujourd’hui »
Dans une période de fort chômage, il n’est pas facile de dire que l’on s’ennuie à mourir au travail.

Les personnes qui souffrent de bore-out ont honte de s’ennuyer car c’est beaucoup plus valorisant d’avoir “plein de choses à faire”, d’avoir du travail “par-dessus la tête”.
La situation bore-out est paradoxale : « Vous êtes payé et vous avez un travail, alors de quoi vous plaignez vous ? »… Difficile d’échapper à ce discours normatif.
Et pourtant la personne au bout de la chaîne se retrouve avec un fort sentiment de honte : « T’as du travail t’es payé, ferme la, ne dis rien » c’est le genre de dialogue interne qui pousse au repli sur soi puis à l’isolement.

Difficile de parler, de revendiquer son mal-être, difficile de se plaindre de ne pas travailler alors qu’on est payé : « il y a tellement de personnes qui se lèvent tôt et travaillent dur », « C’est déjà dur d’obtenir un travail » ou encore « beaucoup aimeraient bien travailler » , « j’ai honte d’être dans cette situation, je me sens rejeté , inutile »… autant d’expressions que j’entends en consultation et les personnes ont peur de quitter leur travail pour aller vers autre chose car le marché est bloqué.

Que faire quand on souffre de bore-out ?

Ce qui peut être utile pour une personne en situation de bore out c’est de pouvoir en parler librement et de mettre au jour tous les sentiments d’impuissance et d’incompréhension qui l’animent, jusqu’à ce qu’elle puisse de nouveau activer en elle ses propres leviers de motivation.

Si l’ennui endort et déprime, dans certaines situations extrêmes il nécessite un traitement médicamenteux pour retrouver une stabilité émotionnelle.

Dans tous les cas l’activité physique est une aide précieuse car elle reconnecte la personne à ses sensations, à son organisme.

Comment aider une personne qui souffre de bore out ?

Elle peut difficilement en parler aux collègues, car c’est là, sur le lieu de travail, que le tabou reste le plus fort. Pourtant il peut être utile d’aborder directement l’ennui avec les représentants du personnel et la direction.
Même en parler aux proches, cela reste souvent difficile car l’entourage ne comprend pas toujours ce grand vide intérieur.

Un espace de thérapie pour sortir du bore-out

Les personnes en bore out ont besoin de retrouver leur motivation pour pouvoir prendre de nouvelles décisions. Une psychothérapie ou une thérapie de soutien permet de faire le point, de parler à quelqu’un qui écoute, sans jugement, quelqu’un qui accompagne et permet de donner du sens alors que tout semble bloqué en soi et autour de soi.

Même si c’est une tendance forte d’envisager régulièrement un changement d’orientation ou de travail (comme de passer d’un travail intello à un métier manuel) ou encore d’utiliser les moyens offerts par la formation, une personne qui s’ennuie de façon chronique, perd l’intérêt de sa vie, elle ne voit plus les chemins qui s’ouvrent à elle, elle est aveuglée par son ennui.

Quand on souffre de bore-out, on peut rester longtemps sans même l’identifier et sans pouvoir en parler, on se retrouve en isolement, coupé des autres et de soi-même, à se dire qu’on ne sait pas pourquoi on a choisi ce métier, qu’on a l’impression d’évoluer dans une voie sans issue.

Il est donc important de pouvoir en parler pour rompre le tabou et reconsidérer ses croyances par rapport au travail, s’appuyer sur ses ressources, sur sa vitalité pour se remettre en mouvement.

Un espace de libre écoute en thérapie ou en coaching permet de s’interroger sur ce qui nous a amené à choisir une activité et sur comment se diriger autrement, comment faire d’autres choix.

Car le bore-out est une maladie qui touche chacun dans sa philosophie de vie et renvoie à des thèmes essentiels comme :

  • Quelle est la place du travail dans mon parcours de vie ?
  • Qu’est-ce que je souhaite réaliser de plus important pour moi à travers mon travail ?
  • Quelles sont les valeurs que je souhaite exprimer à travers mon travail ?

Quand on ne sait plus qui on est, à quoi on sert et comment on peut évoluer, une thérapie de soutien ou des rencontres avec un psychothérapeute, permettent de redonner du sens à son travail et de l’équilibre à sa vie en général.

Le bore-out, une souffrance du marché du travail

Burn-out et bore-out ; épuisement professionnel par excès de travail ou par excès d’ennui et d’insatisfaction au travail… Ces souffrances sont des révélateurs d’un marché du travail qui ne tourne plus rond

Si le burn-out fait d’une personne un martyr du travail, le bore-out la laisse coupable et honteuse. La différence entre le bore out et le burn out c’est ce sentiment de honte.

Une personne qui souffre de bore out n’est pas fainéante, ce n’est pas qu’elle ne veut rien faire, c’est qu’elle n’a rien à faire et qu’elle en a honte.

Trouver du sens à la situation est une façon d’en sortir pour laisser place à la parole libre, aux sentiments pleinement exprimés afin de prendre du recul.

Le bore-out et notre relation subjective au travail

Ce phénomène d’ennui au travail nous dit quelque chose de notre rapport au travail et de notre besoin de reconnaissance.

Y’a t-il aujourd’hui encore assez de travail de qualité pour chacun d’entre nous ?

C’est un sujet tabou car nous nous représentons désormais le travail comme une finalité, comme un moyen de se réaliser, alors qu’il a longtemps été un simple moyen de construire quelque chose d’autre, de plus important comme par exemple une famille.

Désormais on investit toute notre vie dans le travail et quand il est au centre de la vie, le travail comme une toute-puissance transforme le manque de reconnaissance et de considération en souffrance.

À toutes ces personnes qui vivent une situation de bore out, j’ai envie de vous dire :

Ce que vous vivez n’est pas honteux et n’est pas en lien avec qui vous êtes. Vous êtes une personne, il y a différents domaines dans votre vie, vous avez différentes parties qui s’expriment dans chacun d’eux. Le travail est un de ces domaines dans lequel vous avez des opinions, des valeurs  et des compétences qui, elles, ne sont pas reconnues.

Rencontrer un psychothérapeute ou un coach donne la possibilité de voir les choses selon un éclairage différent.
Dans l’approche centrée sur la personne, l’éclairage est branché sur vos sentiments et il vous permet au fil des entretiens de retrouver votre motivation et votre liberté d’action. De rester maitre de vos choix de vie autant que possible